Comment votre parcours de bénévole a-t-il commencé ?
En Guinée, j’étais déjà engagé mais plutôt politiquement. Quand je suis arrivé en France dans les années 80’ comme réfugié politique j’ai eu envie de continuer à m’impliquer dans la société. J’ai commencé par contribuer à la création de l’Association de Solidarité pour les Exilés en France, en partenariat avec la CIMADE et France Terre d’Asile. Cette association existe encore pour aider les primo-arrivants de toute nation et je participe encore à son activité.
Puis en 1998-99, la Guinée a connu une guerre civile très violente. Beaucoup de guinéens ont dû fuir et sont partis à destination de l’Europe. En France, ils se sont retrouvés en grand nombre avec des problèmes d’accueil, d’hébergement, d’orientation… sans maitriser la langue. Nous avons alors créé l’AGS.
Comment votre association essaie-t-elle de les aider ?
Notre association a pour but de développer des actions de solidarité au sein de la communauté guinéenne. Nous sommes 4 personnes pour tenir les permanences. Et notre objectif est de travailler sur l’intégration des gens que nous rencontrons car, bien souvent, leur idée est de rentrer rapidement au pays mais ils sont vite déçus car il y a toujours, et encore maintenant, beaucoup d’agitation politique là-bas. Pour certains, et notamment ceux qui avaient des responsabilités dans l’administration, c’est trop risqué de retourner. Alors nous faisons en premier lieu un travail de traduction et d’information pour toutes les formalités administratives françaises. Nous les accompagnons dans leurs démarches pour les demandes d’asile politique et nous faisons beaucoup d’écoute et de lien entre les différents membres de la communauté ici sur la Métropole.
Y a-t-il beaucoup de guinéens à Roubaix?
Ils sont environ une centaine sur Roubaix. C’est difficile pour eux car ils n’ont pas une culture d’immigration comme dans d’autres pays. Ils sont très sédentaires, se sentent isolés et ont envie de retourner en Guinée.
Que vous apporte personnellement votre engagement bénévole ?
J’observe la montée des extrêmes et je trouve que la société s’appauvrit en terme de valeur humaine. L’individus prime trop sur le collectif…. Je me considère un peu comme un résistant. J’ai la volonté de transmettre aux jeunes générations le plaisir de partager et de vivre ensemble. Quand je vois ceux qui cassent, volent, agressent, je me sens triste. Il faut absolument un échange entre les communautés et maintenir l’entre-aide. En Guinée, la culture du bénévolat est différente. On ne participe pas forcément à des associations mais un voisin, c’est comme un membre de la famille. La solidarité est considérée comme un devoir moral. Je ne comprends pas que cela soit si difficile en France. Il y a beaucoup de méfiance vis-à-vis de « l’autre ». Il faut élever les consciences à ce sujet.
Pour vous être bénévole c’est… ?
Valoriser l’humain.